Le steampunk invite le lecteur à voyager durant le XIXème siècle dans un univers fantastique. Signifiant littéralement "voyou à vapeur", le steampunk propose une vision à la fois recherchée et décalée de l'époque Victorienne en s'inspirant de l'histoire et de l'imaginaire. Cette esthétique, reconnaissable à travers ses codes et ses constantes, se retrouve dans des romans et toute une imagerie (films, films d'animations, photos).
Les premiers romans steampunks se déroulent lors de la révolution industrielle. Ils se passent souvent en Angleterre. Tout est donc axé sur le développement de la technologie à vapeur. Cependant, il s'agit souvent d'un développement précoce qui montre donc une vision fictionnelle de ce passé. La machine devient énorme, tout est démesuré et hyperbolique. Les dirigeables, les villes machines, les sous-marins majestueux ou encore les robots. Les atouts de la mécanique sont visibles partout d'une manière relativement exagérée pour souligner l'époque où les machines triomphent (boulons apparents, vis, écrous, engrenages...).
La révolution industrielle fruit de nombreux changements et de bouleversements est l'époque idéale offrant tous les outils à développer dans des récits imaginaires époustouflants.
Le steampunk peut-être considéré comme récit uchronique. Ce type de récit consiste à parler d'une époque de l'histoire précise où on pourrait envisager un autre déroulement, ce qui donnerait un monde bien différent au nôtre.
Ce genre entretient un lien évident avec l'uchronie comme la définition de Douglas Fetherling le suggère :
Le steampunk s'efforce d'imaginer jusqu'à quel point le passé aurait pu être différent si le futur était arrivé plus tôt.
Cependant, le steampunk qui se base du côté de l'imaginaire s'imprègne d'une époque, de ses rêves comme de ses cauchemards, de ses codes sociaux et d'autres de ses traits pour la réinventer. De ce fait, le steampunk ne remplit pas totalement la signification d'uchronie car elle n'a pas vocation à créer une réalité alternative.
L'imaginaire futuriste que le steampunk applique au XIXème siècle s'apparente au rétrofuturisme. Une oeuvre rétro-futuriste propose de donner "vie" aux visions du futur tel que l'imaginait la culture populaire autrefois. Ce principe se rattache aux romans d'anticipation et de science-fiction de Jules Verne, qui avec H.G. Wells, étaient les précurseurs du courant steampunk.
Le terme "science fiction" a été crée à la fin des année 1920 en Amérique. Ce courant a perdu de la vitesse vers les années 1980 lors de l'esthétique cyberpunk, première vision technophile de notre futur numérique. Les écrivains cyberpunks imaginaient donc notre futur tout en développant en parallèle des courants dénommés Raygun Gothic (1981) et steampunk (1987). Le courant steampunk aux Etats-Unis couvre surtout le XXème tandis que les Européens ont un fond beaucoup plus vaste dû à leur histoire couvrant les XVIIIème, XIXème et XXème. Nous pouvons aussi évoquer l'approche japonaise dont l'imaginaire futuriste est plus jeune. La production rétro-futuriste japonaise en s'inspirant de l'imaginaire occidental à tout de même développé une esthétique à la fois caractéristique et composite.
Le courant steampunk comme indiqué dans le titre évoque à la fois admiration et crainte. Ceci dépeint toute une problématique de l'époque Victorienne. Les avancées technologies sont-elles bonnes ou néfastes ?
Le long métrage de Katsuhiro Otomo Steamboy questionne la nature même de la science et souligne ses potentielles dérives. En effet, on y voit l'utilisation de la science et de la technologie dans le but de tuer. Ce principe a souvent été montré dans l'histoire. Par exemple, lorsque Pierre et Marie Curie ainsi que Henri Becquerel travaillent sur la radioactivité, ils ne se doutent sûrement pas que la bombe nucléaire va être inventée.
Ce film est une bonne illustration de ce genre. En effet, il se passe à l'époque phare pour les machines à vapeurs, à Londres et lors d'une exposition universelle ! Les machines présentées dans le film fonctionnent avec l'énergie de l'époque mais relèvent plus de la science-fiction dans les actions qu'elles effectuent, comme voler. La tenue vestimentaire est aussi une caractéristique clef de cette esthétique.
Dans une Angleterre uchronique, au XIXe siècle, Ray Steam est le fils de Edward et petit-fils de Lloyd, deux scientifiques inventeurs de machines à vapeur. Ils ne sont pas réapparus depuis plusieurs mois après leur départ pour l'Amérique, lorsqu'un colis contenant une boule métallique parvient au domicile de Ray et sa mère. Mais, deux hommes de la Fondation O'Hara qui financent les recherches des deux paternels, veulent s'en emparer. Ray fuit et est secouru par le scientifique Stevenson, fervent patriote.
Pendant ce temps, Londres se prépare à inaugurer l'Exposition universelle où les machines à vapeur seront à l'honneur. La Fondation O'Hara a préparé un pavillon et y envoie la fille du fondateur, la jeune Scarlett. Elle est accompagnée par Simon, chargé de vendre la technologie de la fondation.
C'est alors que pour vendre sa technologie, Simon résiste à Scotland Yard qui veut inspecter le bâtiment où la tour steam est cachée. Afin de repousser la police anglaise, il envoie la technologie, c'est alors que la technologie est montrée sous son mauvais jour.
Ray perd peu à peu de son innocence comme le spectateur en se rendant compte que la technologie n'est pas que bénéfique.
Sous la même thématique, Casshern film de type steampunk uchronique parle du même problème : la technologie est-ce bien ou mal ?
Alors que les guerres mondiales font rage, le clan des vainqueurs paie un très lourd tribut aux batailles chimiques et technologiques dont il a abusé. La population entière est menacée par des maladies, virus, mutations en tous genres. Jusqu'au jour où un célèbre chercheur affirme pouvoir cloner et dupliquer n'importe quel organe sans que celui-ci soit rejeté par le corps humain. La cellule développée secrètement va alors remporter un énorme succès mais révéler un inconvénient car, en plus de soigner les vivants, elle réveille les morts. Ces derniers vont bientôt déclarer la guerre aux humains.
Casshern illustre la problématique du chercheur qui veut soigner les blessés mais qui crée des êtres incontrôlables et qui utiliseront la technologie pour attaquer, dont des robots. Il montre aussi à quel point les humains par crainte de l'inconnu peuvent réagir sans se soucier des conséquences. En effet, les mutants créés d'entre les morts seront en parti décimé par la sécurité car ils auront peur. Cependant, c'est la cause pour laquelle ils décident de se venger.
Ce film présente l'aspect rétro-futuriste, puisqu'il se passe dans le futur mais l'univers est totalement fait de vapeur et de métal.
De nombreux films d'animations s'inspirent et inspirent le Steampunk. On peut citer Les robots du Roi et l'oiseau de Paul Grimault et The Iron Giant de Brad Bird (Warner Bros). Mais aussi dans les films d'animations japonais comme Laputa (Le château dans le ciel) ou Le château ambulant de Hayao Miyazaki. Le célèbre réalisateur des studios Ghibli utilise souvent l'aspect "fantasy" des films Steampunk.
En effet, avec Le château ambulant, il aborde la machine à vapeur confronté à la magie avec poésie. Le château peut se mouvoir grâce aux pouvoirs d'un démon de feu (Calcifer) qui permet d'actionner les engrenages et le moteur à l'aide de la vapeur.
Dans Fullmetal Alchemist, d'Hiromu Arakawa, l'environnement Steampunk est mis face à face avec l'alchimie et les homonculus (êtres mystiques invoqués à l'aide de l'alchimie).
Metropolis (1927), le film de Fritz Lang (1890-1976), a grandement influencé l'imaginaire de nombreux médias comme le comic book (la ville de superman), l'animation (Le roi et l'oiseau mentionné dans la page précédente), le cinéma (Blade Runner, Dark City), la musique (The Wall des Pink Floyd) ou encore le jeu vidéo (BioShock). Ainsi, il s'est imposé comme une référence.
En 1949, Tezuka s'en inspire pour créer le manga Metropolis. Puis en 2001, les réalisateurs Rintaro et Katsushiro Otomo vont réaliser le film Metropolis (Metoroporisu) afin de rendre hommage à Lang et Tezuka.
Le steampunk exploite une pluralité de genre. Comme nous avons vu précédemment, on y trouve de l'uchronie mais aussi de la fantasy en déployant de la magie et des créatures fantastiques (cf. Arcanum ou Les films d'animations).
Le polar et le western seront aussi une source d'inspiration qui viendront nourrir ce genre. Le film Wild wild west illustre d'ailleurs bien cette caractéristique.
Wild wild west se passe en 1869. Les deux agents spéciaux James West et Artemus Gordon, aidé de Rita Eskobar, doivent neutraliser le démoniaque Dr. Arliss Loveless, lequel en veut à la vie du président des Etats-Unis. Loveless capture alors des scientifiques qui excellent dans leurs domaines pour qu'ils créent des machines sur-puissantes afin de prendre le pouvoir.
Ce film est une adaptation cinématographique de la série Les Mystères de l'ouest (The Wild wild west de 1965-69) avec des penchants qui frôlent la parodie.
La série se situe entre un style western et steampunk. Elle ressemble beaucoup à James Bond, des agents qui voyagent dans leur train privé, qui utilisent des gadgets et qui rencontrent de jolies femmes. Ces épisodes ne sont pas tout à fait dans le style anglais victorien mais il s'agit tout de même d'un style qui sera développé par des auteurs américains. Comme évoqué précédemment, les Etats-Unis ont moins de matière que l'Europe pour développer le steampunk.
Les machines de Loveless sont tout de même des bijoux steampunks où nous avons à la fois une araignée géante très rétro-futuriste et d'autres machines plus proches de la révolution industrielle. Les vêtements de Loveless sont par ailleurs imprégné de cette époque.
Sky Captain et le monde de demain (Sky Captain and the World of Tomorrow, 2004) de Kerry Conran est un hommage aux pulps des années 1930 et 1940. Situé en 1939, ce film offre de magnifiques visuels inspiré de Buck Rogers et de King Kong. "L'Hidenburg III", un zeppelin, qui s'amarre au sommet de l'Empire State Building à New-York mais aussi des robots géants qui détruisent Manhattan. Les personnages sont un savant fou (Lawrence Olivier), un pilote courageux (Jude Law), une journaliste intrépides (Gwyneth Paltrow) et Angélina Jolie commandant de la citadelle volante de la Royal Air Force. Avec un tel casting et la promesse d'un décor numérique splendide, on peut s'attendre à un film d'envergure, on peut regretter le scénario qui est parfois trop attendu et qui ressert les clichés par vagues.
L'univers visuel est cependant cohérent avec une esthétique Raygun Gothic totale et maîtrisée. Le cadre ne se limite pas à cet univers en créant un cadre "puissamment évocateur" selon Etienne Barillier, auteur de Steampunk ! L'esthétique rétro-futur. En effet, on peut penser à de nombreux films qui se déroulent dans des réalités alternatives référentielles comme Brazil (1985) de Terry Gilliam, La Cité des enfants perdus (1995) de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet, Hellboy (2004) et Hellboy II (2008) de Guillermo del Toro ou Van Helsing (2004) de Stephen Sommers.
Capture d'écran du film Sky Captain et le monde de demain
A New York, en 1899, Alexander Hartdegen, un brillant physicien de l'Université de Columbia, tombe follement amoureux d'Emma. Un soir, dans Central Park, il trouve le courage de lui déclarer sa flamme et de lui offrir une bague de fiançailles. Un voleur tente alors de voler le bijou, mais Emma ne se laisse pas faire. Elle meurt suite à un malheureux coups de feu.
Refusant cette triste fatalité, Alexander consacre tout son savoir et toute son énergie à construire une machine à explorer le temps afin d'altérer le cours des événements et ainsi sauver la vie de sa bien-aimée. Alexander embarque à l'insu de tous pour ce voyage de la dernière chance et se voit bientôt propulsé dans le XXIe siècle.
Ce film sorti en 2002, est une reprise du roman de H. G. Wells. Par ailleurs, durant le film il y a une référence à l'oeuvre originale. La machine est un objet particulièrement imprégnée de la dynamique du Steampunk et l'époque de départ correspond à l'époque de la machine à vapeur. Il y a eu une autre adaptation du roman en 1960.
Capture d'écran du film La Machine à explorer le temps
Le cinéma médium par excellence du Steampunk, en effet, étant un genre très visuel il prend réellement vie dans les films.
Capture d'écran du film Sky Captain et le monde de demain
Les premiers romans "proto-steampunk" datent de 1960. Cependant, les racines du genre qui l'ont inspiré appartiennent à la deuxième moitié du XIXème siècle. Les auteurs les plus connus sont Jules Verne, H. G. Wells, H. Rider Haggard, sir Arthur Conan Doyle, Edgar Allan Poe, Mark Twain ou encore Edgar Rice Burroughs. L'éditeur Hetzel publia la collection des "Voyages Extraordinaires". Jules Verne avait un contrat avec cet éditeur de fournir un roman par an, ce que fit l'auteur pendant 40 ans. Dés 1863, Cinq semaines en ballon parait et le motif du vaisseau aérien apparait, ce qui deviendra une icône centrale de l'esthétique Steampunk.
Jules Verne introduit aussi le savant fou, dans Robur le Conquérant. Robur veut prouver que l'on peut voler dans les airs et il construit L'Albatros. En 1904, il revient dans Le Maitre du monde, cette fois il a créé un "tétrabrie" qui va dans les airs, sur terre et sous l'eau.
Né à l'aube du XXème siècle, Strong est un "héros de la science" résidant dans une mégalopole nommée Millenium city. L'un des aspects les plus intéressants de cette série concerne l'origine du personnage. En effet, elle illustre le passage entre les rêves futuro-scientistes du XIXème et ceux du XXème siècle. Le père de Tom Strong était un scientifique baigné par les croyances qui naquirent dans le creuset de la révolution industrielle. En 1899, les parents du héros s'établissent à demeure sur une île perdue du nom d'Attabar Teru. Sur place le père fabrique un majordome mécanique à vapeur : Pneuman.
Puis il décide d'appliquer ses théories en construisant une pièce hermétique et à haute gravité. Il y place son fils alors nourrisson, qui grandira en vase clos, sans contact direct avec ses géniteurs. L'objectif du père est en effet d'assurer un sur développement physique de son enfant, tout en lui prodiguant une éducation hors norme. Le savant parviendra à ses fins, donnant naissance à un héros quasi parfait.
Appelez-moi Jack ! du dessinateur Mike Mignola et du scénariste Brian Augustin, une histoire de Batman où Bruce Wayne est amené à aller en Angleterre à l'époque Victorienne en 1989.
Arcanum : Of Steamworks and Magick Obscura est un jeu de rôle pour ordinateur développé par Troika Games et publié par Sierra dés 2001. Ce Jeu de Rôle se déroule dans ce cadre mêlant fantasy et steampunk. Le continent d'Arcanum renvoie directement à la fantasy avec son mélange d'elfes, de demi-ogres et d'autres créatures tout aussi fantastique. Mais il est entré dans une révolution industrielle qui rappelle le XIXème siècle (et qui est d'ailleurs la date dans le jeu). Lorsque le jeu débute, un zeppelin, est en train d'effectuer son voyage inaugural quand il est attaqué par des demi-ogres. La musique accompagnant cette vidéo d'introduction permet au joueur d'entrer directement dans l'ambiance de l'époque. Le jeu divisé en trois sortes de personnages, ceux aux inclinations technologiques qui fabriqueront toutes sortes d'armes, des révolvers que nous connaissons au haut de forme générateur d'un champ de force ; les personnages magiques qui apprendront les arcanes et enfin les personnages hybrides.
Ce jeu fait de nombreuses références du bâton Tesla au personnage d'Aronnax (professeur dans Vingt mille lieues sous les mers).
Tout comme Arcanum, la série des Final Fantasy (Square Enix) à partir du VIème opus, nous plonge dans un univers Steampunk. Dans l'histoire de Final Fantasy VII, une haute société Shinra.Inc monopolise l'ensemble du marché et exerce une emprise sévère sur l'ensemble du monde. Sa puissance est telle que son influence est supérieure à celle des dirigeants de la plus grande capitale du monde, Midgard.
Capture d'écran de la ville de Midgard - Final Fantasy VII
Autre exemple dans Final Fantasy X, l'introduction du jeu se situe à Zanarkand ville machine, où l'heure est à la compétition sportive. Mais le match s'interrompt brusquement quand un monstre géant attaque la mégalopole. Le héros et ses coéquipiers utilisent un vaisseau à vapeur.
Comme nous avons pu le voir, le Steampunk recèle une grande richesse et couvre de nombreux supports différents.
Ce que l'on pourra parfois déplorer c'est la pauvreté des scénarios comparés à la richesse de cette esthétique. Souvent les films les plus réussis sont ceux qui s'en imprègnent mais que légèrement, tandis que ceux bien encré dans ce style ne brillent pas par leur histoire.
Ce genre reste avant tout visuel, il est donc important de mettre de nombreuses images. C'est une esthétique "cross-média", d'où l'intérêt d'avoir survolé les autres supports. Malheureusement, ce site demeure non-exhaustif (ne pouvant traiter le sujet dans sa totalité) et on peut trouver de part et d'autre des liens pour approfondir le sujet. Je conseille le livre Steampunk ! L'esthétique rétro-futur que vous trouverez dans la section bibliographie.
Le Steampunk relève souvent des mêmes problématiques contradictoires, entre admiration et crainte, rétro et futurisme etc. La question souvent abordée réside dans l'utilisation de ces machines, problématique intemporelle qui touche la science de manière générale. Il s'agissait déjà d'une préoccupation pour Jules Verne et elle reste un dilemme encore aujourd'hui.
- Steampunk ! L'esthétique rétro-futur, « la bibliothèque des miroirs », volume 8 Étienne Barillier ISBN 978-2-915793-90-1 | broché, 21 cm x 17 cm, 356 pages, paru le 17 mars 2
- Guide phénix du manga, collectif d'auteurs, édition azuka
- La bande dessinnée "comics" Appelez-Moi Jack ! du dessinateur Mike Mignola et du scénariste Brian Augustin
- Extrait de magasines Coyote magasine, Animeland, Comics
- http://www.steampunk.fr/
- http://www.steampunk.com/
- http://www.frenchsteampunk.com/
- http://www.steampunkmagazine.com/
- http://www.cafardcosmique.com/Le-Steampunk-de-Fantasy-a-vapeur